1. QU’EST-CE QUE L’ANXIÉTÉ SOCIALE ?
L’anxiété sociale (appelée aussi la phobie sociale) est un trouble anxieux qui se traduit par une peur irrationnelle et persistante d’interagir avec les autres. C’est la peur des autres.
L’anxiété sociale est la peur la plus répandue. Selon les études récentes, environ 13 % des personnes souffrent du trouble d’anxiété sociale à un moment donné de leur vie. Ce trouble touche environ 9 % des femmes et 7 % des hommes chaque année. *
Avoir un peu peur de parler devant un auditoire est normal. Être un peu timide ou avoir le trac pour jouer du violon dans une salle de concert est naturel aussi. Ce sont des peurs ponctuelles et parfois utiles. Elles nous motivent et se dissipent dès que nous passons à l’action.
Mais lorsque cette peur extrême impacte négativement notre quotidien et handicape nos relations et interactions avec les autres, elle est considérée comme un trouble.
Selon la classification de l’INSERM, il existe 6 troubles anxieux : l’anxiété généralisée, le trouble panique, les phobies spécifiques, l’agoraphobie, le trouble d’anxiété de séparation et l’anxiété sociale.
Dans le premier cas, l’anxiété va se manifester uniquement dans certaines situations et pas dans d’autres, comme par exemple dans le cas de cet élève qui se sent observé et évalué uniquement durant les cours de sport.
Dans le second cas, l’anxiété est vécue dans toutes les situations où la présence d’une ou plusieurs personnes s’impose.
De peur d’être jugées par les autres, d’être humiliées, d’être ridicules les personnes souffrant d’anxiété sociale évitent autant que possible les contacts avec les autres.
Alors, ces personnes vont tout faire pour ne pas croiser les voisins, pour éviter la pause-café au travail ou pour ne pas aller acheter du pain dans une boulangerie.
De la même façon, donner un avis, dire non ou réclamer un dû devient une source d’angoisse parfois insurmontable.
Et bien sûr parler en public ou manger avec les autres est impossible de peur du regard des autres.
Ces personnes anxieuses en présence des autres, se sentent gênées, observées, moquées, peu intéressantes. Leur niveau d’estime de soi est très bas.
Elles ne contrôlent ni les pensées anxiogènes, ni les émotions, ni les réactions physiologiques. Toutes ces peurs sont automatiques.
Alors, pour se protéger, elles évitent les autres, et elles s’isolent.
L’anxiété sociale empêche de vivre sereinement au quotidien, de réussir une scolarité ou de construire une carrière normale et épanouie.
1.2. Ce trouble ne se voit pas toujours à l’œil nu.
Personne ne se rend compte de la souffrance que cette pathologie provoque.
L’anxiété sociale qui se prolonge cause un épuisement psychologique et physique, ainsi que des épisodes dépressifs.
40% des personnes souffrant d’anxiété sociale développent une dépendance à l’alcool, qui permet d’apaiser le mal-être et de se sentir plus ouvert envers les autres.
La société d’aujourd’hui favorise les attitudes extraverties, ce qui n’aide pas les personnes atteintes d’anxiété sociale.
Le monde virtuel, les réseaux sociaux ne sont pas non plus une solution pour ces personnes, malgré les apparences. Bien au contraire, ils encouragent l’isolement. La confrontation avec les autres dans la vie réelle devient de plus en plus compliquée.
2. LES SYMPTÔMES DE L’ANXIÉTÉ SOCIALE
L’anxiété sociale est liée à l’idée de ressentir une gêne, une humiliation, un rejet ou un mépris lors d’interactions sociales.
Les situations le plus redoutées par les personnes souffrant d’anxiété sociale sont :
– Interactions superficielles avec les autres (voisin, collègue)
– Interactions profondes avec les autres (relation amicale, sentimentale)
– Performances scolaires/ professionnelles devant les autres (parler face à un groupe)
– L’affirmation du soi face aux autres (débattre, savoir dire non)
– Être le centre de l’attention (peur d’être observé, d’être évalué, peur du regard des autres)
Dans la plupart des cas, l’anxiété sociale ne se voit pas de l’extérieur ou est confondue avec la timidité.
La crainte d’être mal perçu, d’être humilié en public, d’être jugé, la honte… Toutes ces émotions et sensations sont une triste réalité ressentie uniquement par la personne qui en souffre.
2.1. Des anticipations anxieuses sont un vrai fardeau psychologique
La personne qui éprouve de l’anxiété sociale va anticiper un événement stressant (par exemple une présentation durant une réunion au travail) des semaines à l’avance. Epuisée par la peur et les pensées négatives, elle va perdre le contrôle pendant la présentation. Après cette expérience dont elle se souviendra comme humiliante, elle va ressentir de la honte, elle se sentira nulle. Elle évitera à tout prix de revivre une situation similaire.
Sa carrière professionnelle sera de ce fait fortement compromise.
2.2. Les comportements d’évitement se renforcent avec le temps
Et l’anxiété sociale prend de plus en plus d’ampleur en affectant les différents domaines de la vie.
D’autres symptômes, plus visibles pour les autres peuvent se développer : troubles de l’attention, bégaiement, gorge sèche, rougeurs, une transpiration excessive, tremblements, envie d’aller aux toilettes.
Les crises d’angoisses et les symptômes physiques comme les palpitations, une accélération de la respiration et tous les signaux d’un état de panique ne vont qu’augmenter le mal-être de la personne.
Avec ces manifestations percevables pour l’entourage, la gêne sociale va se renforcer encore plus. Car la personne appréhendera de revivre l’humiliation en public. Elle évitera à tout prix de renouveler les expériences où elle perd le contrôle.
Sans aide extérieure, l’isolement, la détérioration de l’estime de soi, la dépression, voire les addictions, deviendront un triste quotidien.
Nous pouvons donc distinguer différents degrés de l’anxiété sociale. Ils vont de la simple gêne à la crise d’angoisse très éprouvante pour le corps et pour le mental.
Certaines études, font d’ailleurs la distinction entre l’anxiété sociale, considérée comme un trouble anxieux et la phobie sociale considérée comme une maladie.
Mais en réalité la frontière est peu perceptible entre ces deux notions.
3. LES CAUSES DE L’ANXIÉTÉ SOCIALE
Plusieurs types de facteurs peuvent être pris en compte : facteurs biologiques, héréditaires, individuels et environnementaux.
3.1. Les facteurs individuels et environnementaux jouent un rôle déterminant.
Le plus souvent l’anxiété sociale a pour origine une expérience individuelle : une situation sociale humiliante, ou un événement traumatisant (agression, moqueries, mise à l’écart).
Mais elle peut également se déclarer à la suite de l’observation du comportement d’autres personnes (par exemple l’humiliation d’une personne par un groupe).
L’anxiété sociale peut aussi prendre sa source dans l’enfance. Le simple fait de grandir dans une famille repliée sur elle-même, où le jugement des autres a une importance démesurée peut induire une prédisposition à l’anxiété sociale.
D’autres situations peuvent déclencher l’apparition de symptômes de l’anxiété sociale : être confronté à la nouveauté, prendre la parole en public, et s’exposer au regard des autres.
Cette forme d’anxiété impacte le plus souvent les adolescents, et plus les femmes que les hommes.
Selon des études, le déséquilibre des niveaux de dopamine joue un rôle important dans le développement de l’anxiété sociale.
Des recherches ont confirmé que les personnes souffrant de ce trouble ont une activité de dopamine réduite dans certaines régions du cerveau. Ce qui entraîne une amplification de l’anxiété.
Cette activité altérée de la dopamine contribue aux pensées négatives persistantes et aux comportements d’évitement habituels dans le cas de l’anxiété.
Le système de récompense du cerveau, primordial pour réguler l’humeur et la motivation est également déséquilibré lorsque les niveaux de dopamine sont trop bas. Le plaisir des interactions sociales peut être amoindri. Ce qui engendre des comportements d’évitement social et intensifie les symptômes de l’anxiété sociale.
4. COMMENT VAINCRE LA PEUR DES AUTRES ?
L’anxiété sociale non prise en charge peut s’aggraver avec le temps et peut devenir une maladie mentale bien plus handicapante.
D’où l’importance fondamentale d’en prendre conscience, de demander de l’aide aux professionnels et de se faire accompagner pour mettre en place des transformations internes profondes.
1. Prendre conscience de votre état de souffrance, de votre isolement.
2. Faire le bilan auprès d’un médecin généraliste, psychiatre ou psychologue.
3. Se dissocier de votre maladie, changer de point de vue, prendre conscience des mécanismes de défenses mise en place par le mental.
Votre anxiété sociale n’est pas votre identité, ce n’est pas un trait de votre personnalité.
L’anxiété sociale ne vous définit pas, elle vous empêche d’être vous-même.
C’est un trouble mental, une maladie. Vous ne devez pas apprendre à vivre avec elle, mais à vous en libérer.
4. Si possible, chercher les causes de votre anxiété sociale.
Plongez dans votre passé, dans vos souvenirs pour trouver l’origine qui a fait naître cette peur d’interaction avec les autres. Ce travail rétrospectif peur s’avérer très utile dans votre parcours.
Il vous permet de comprendre l’origine du conflit entre le désir et la défense, entre la peur et la honte, de découvrir une blessure d’enfance qui a besoin d’être guérie.
5. Travailler pas à pas pour modifier vos comportements.
Gérez les symptômes un à un en s’y exposant progressivement.
C’est une étape longue qui demande beaucoup de patience et de persévérance.
Le cerveau a besoin de construire un nouveau comportement, une nouvelle réaction plus positive à une situation qui vous angoisse, qui vous fait souffrir.
Ce travail doit agir sur 3 plans : les émotions, les pensées et le mental.
6. Être bienveillant avec vous-même, et développer 4 piliers de la confiance : l’amour de soi, l’estime de soi, la confiance en soi et l’affirmation de soi
Apprendre à s’affirmer par une meilleure gestion des émotions, rationnaliser vos peurs et vos ressentis : culpabilité, honte…
Une analyse de vos ressentis physiques et émotionnels vous permettra de favoriser le lâcher prise.
4.2. Quels outils pour s’en sortir ?
– les antidépresseurs (pour augmenter la sérotonine qui apaise l’anxiété) après un bilan médical pour commencer le processus, même si parfois leurs effets sont limités
– la psychothérapie
– les thérapies brèves (quelques semaines à quelques mois) :
- TCC Thérapie cognitive et comportementale,
- Sophrologie
- Hypnose
– la méditation de pleine conscience (Mindfulness)
Avec l’accompagnement thérapeutique, petit à petit, votre mental va s’apaiser. Votre vie sociale va évoluer. Les interactions avec les autres vont vous procurer du plaisir et une sensation de bien-être.
Tout le monde mérite de vivre une vie pleine de bien-être et de sérénité, une vie remplie de sens, de projets, et de relations sociales épanouissantes.
Alors, si vous vous sentez concerné par l’anxiété sociale, n’attendez pas. Faite appel à un professionnel pour vous aider à vous en libérer et à récupérer votre vraie vie.
L’anxiété sociale est une prison érigée par votre mental. C’est à vous de casser les barreaux !
Si vous souhaitez en apprendre plus sur l’anxiété et la peur en général, je vous invite à lire mon article « Stress, angoisse, anxiété… Quelle est la différence ?« . Et pour aller plus loin, vous pouvez également consulter mon article sur « Les blessures de l’enfance«
Pour enrichir vos connaissances sur le sujet, vous pouvez également lire ce livre de Christophe André « La nouvelle peur des autres«
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